• D’un geste lent, elle prit ma main dans la sienne. Ses doigts étaient froids et fins. Leur contact provoqua une succession de frissons qui remontèrent le long de mon bras pour se propager dans tout mon corps. Elle ne tremblait plus, elle ne souriait plus non plus. Dans un silence de mort, une larme roula sur sa joue. C’était comme si elle avait oublié de couler toute à l’heure. Tout doucement, sans un bruit, comme une caresse, elle laissa une traînée humide sur la joue de Cassie.

    - Je n'suis pas quelqu'un de fréquentable, tu sais ... Tu n'sais pas de quoi je suis capable ... Tu devrais ... Tu devrais partir et oublier cette journée, m'ignorer quand tu me verras quand bien même tu m'apercevras et ... Et ça sera mieux comme ça, dit-elle avec difficulté, comme si ça lui avait été insupportable de prononcer ces mots.

    Je ne comprenais plus. Pourquoi disait-elle ça ? Surtout qu’elle semblait  vouloir le contraire… Elle me demandait de partir, mais elle baissait la tête. Elle était de nouveau triste… Qu’avais-je fait ? Elle riait enfin, et j’avais tout fait capoter. Pourquoi oublier ? Pourquoi partir ? Peut-être que je ne la connaissais pas, mais je n’aurais jamais été capable de la laisser ou de ne faire comme si de rien n’était quand je la croisais. Pourquoi me demander une telle chose ?

    - Je finirai par te faire du mal... Je suis vraiment une tortionnaire, ce surnom n'a pas été choisi au hasard, je le mérite vraiment ..., ajouta-t-elle tout bas.

    Je cherchais son regard, mais elle persistait à garder la tête baissée. Un frisson me parcourut l’échine lorsqu’elle eut dit son surnom. Ce mot me donnait la chair de poule, sans que je n’en connaisse la vraie raison. Est-ce que son Alice était réellement… Dangereuse ? Il y avait une classe à l’académie. Comme pour les Phy ou les Tech, on les appelait les « Dangereux ». C’était ce groupe de personne que tous les autres élèves jugeaient de pas fréquentable. C’était à ce groupe qu’Elle appartena...qu’Elle avait appartenue. Est-ce que Cassie en faisait aussi parti ? Mais dans ce cas-là, quel genre d’Alice pouvait-elle bien avoir ? Pour se faire surnommer « La Tortionnaire »… ? Une part de moi eut peur, peur de ne pas savoir et peur de ce que cela pouvait être.

    Non ! Je ne devais pas avoir peur ! Cassie ne pouvait pas me faire de mal, je n’étais pas en danger. Une fille aussi fragile, au regard si doux et si profond, ne pouvait certainement pas être dangereuse.

    - Cassie, regarde-moi…, chuchotai-je.

    Elle fit comme si elle ne m’avait pas entendu. Ses doigts se desserrèrent autour de ma paume. Ils glissèrent le long de mes doigts, doucement, douloureusement, puis s’éloignèrent alors qu’elle se retournait.

    Quelque chose en moi se brisa.

    - Va-t’en, lança-t-elle sur un ton presque inaudible.

    Je restais immobile. Je n’arrivais plus à réfléchir ni même à penser. Machinalement, mes jambes se redressèrent et me soulevèrent du sol moue de la forêt. Sans un mot, sans un regard, je me détournais et partis vers l’académie. Elle voulait que je parte. Elle désirait que je la laisse seule.

    *Comme tu veux…*, pensais-je

     Le souffle du vent glissa le long de mes ailes, se faufilant entre mes plumes. Un murmure, comme une plainte… Un sanglot. Cassie ! Je me retournais brusquement, la cherchant des yeux. Elle était toujours là, assise sur les genoux, les mains appuyées sur la terre sèche, les épaules tremblantes, se mordant la lèvre pour ne pas faire de bruit. Sans plus réfléchir, je rebroussais chemin. Bien sûr qu’elle ne voulait pas que je parte ! Elle pleurait. Elle avait mal, elle était triste. Ce n’était pas moi, ou les autres élèves la victime de son Alice, c’était elle. C’était elle qu’il fallait protéger. Pas moi, pas l’académie, elle. Elle et seulement elle.

    En quelques foulées, je l’eus rejointe. L’attrapant par les bras, je la mis sur ses jambes et lui leva le menton vers mon visage.

    - Je te le répète : je ne peux pas te laisser toute seule, lui dis-je en souriant.

    Elle me regarda, d’abord étonnée, puis ses yeux se remplirent à nouveau de larmes. Elle se mordit de nouveau les lèvres pour se retenir de pleurer. Je glissais le bout de mes doigts sur sa joue et lui caressais les cheveux. Entremêlant ma main avec ses mèches blondes, j’amenais son visage plus près du mien et posais mon front contre le sien. Alors qu’une larme s’échappait de ses yeux bleus, je fermais les miens et inspirais son doux parfum fleuri.

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  • Tu l'aimes. Non, tu es complètement dingue de lui. L'amour te rend aveugle. Tu parles sans réfléchir et tu fais de même pour chacune de tes actions. Tu ne vis plus que pour lui. Que fais-tu donc de tes amis ? De ta famille ? Ou de moi...? Il te manipule, toi et ton cœur, comme un charmeur de serpent s'amuserait d'un reptile. Et tu te laisses séduire par ses yeux d'ébène, glissant sur le son de sa voix et ondulant entre ses mains. Ton sourire est une perle rare dont le coquillage a été dérobé par une mélodie à la flûte.

    Ouvre les yeux... Tu ne vois donc pas ce sourire sinistre et perfide se dessiner sur ses lèvres ? Lorsque tu lui obéis avec l'enthousiasme d'une petite fille, lorsque tu lui donnes tout ce que tu as, ou même, lorsque tu verses des larmes par sa faute. Il a réduit ton cœur à l'état d'esclave, et tu n'es heureuse que lorsqu'il t'en accorde le droit. Je me tue à te le répéter, mais tu ne daigne même pas tendre l'oreille. Encore une fois, ton obsession pour lui t'empêche de voir le monde qui t'entoure. Ton jugement est corrompu par ses belles phrases et ses doux regards. Tu ne te rends même plus compte de ta propre souffrance...

    Je t'en prie, réveille-toi. Bientôt, il sera trop tard. Bientôt, tu auras quitter ta famille pour ne vivre qu'avec lui. Bientôt, tu porteras son nom et son enfant. Bientôt, tu seras même incapable de me reconnaître. Je t'en prie... Avant que tu ne sois tombée trop bas pour pouvoir te relever, avant que tu ne sois plongée dans les abysses de la douleur, réveille-toi. Avant que je ne sois impuissante, avant que tu ne sois seule avec ta souffrance, avant que tu ne meurs de désespoir et de tristesse, réveille-toi. Tu m'es trop indispensable pour que je te laisse partir, mais un cœur en milliers de débris est parfois plus dur à réparer qu'on ne le croit.

    Alors, je t'en supplie. Réveille-toi.

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  • J'ai chaud. Je n'entend plus que mon cœur tambouriner dans ma poitrine. J'ai le souffle court. Ta main posé sur moi me brûle. Une décharge électrique m'a traversé à la seconde même où tes doigts ont effleuré ma peau. Je peux encore la sentir, là, parcourant chaque centimètre de mon corps frissonnant. Ma conscience s'éloigne, j'ai l'impression que mes jambes se dérobent sous moi, mais elles tiennent bon. Un brouillard m'entoure, s'épaississant à chaque seconde qui s'écoule. Je crois perdre connaissance, mais je suis bien consciente. Je crois rêver, mais je suis bien éveillée.

    Seulement, je ne vois plus que toi. Le monde qui nous entoure disparaît comme chassé par ton souffle chaud sur ma peau. Il n'y a plus que toi et moi. Que ton odeur, que ton souffle, que ton cœur battant contre le mien. J'ai du mal à respirer, je ne parviens même plus à penser. clairement Je perds le contrôle. J'essaie de me retenir, de reprendre les rênes, mais je n'y arrive pas. Cette envie, ce sentiment... Trop de force pour que je puisse l'arrêter. Une sensation si étrange qu'elle en est effrayante. Je veux me perdre sous tes baisers et tes caresses, je ne veux sentir que toi, là, ton corps pesant contre le mien.

    Je laisse ton amour m'engloutir jusqu'au fin fond de mon cœur.

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  • J'ai peur. Je l'aime. Est-ce que c'est ça "aimer" ?

    Des battements de coeur a vous en faire sortir le palpitant de sa cage thoracique ? Le feu aux joues en permanence ? Une température corporelle qui semble dépasser les cinquante degrés ? Des pensées obstruées par cette seule et même personne ? Le désir de sa présence tout près de soi, comme si l'on avait peur qu'il disparaisse ? Et ce sentiment, ce flux incontrôlable et désordonné de sentiments qui nous traverse à chacune de ses paroles... Est-ce que ça aussi, c'est "aimer" ?

    J'ai peur. Est-ce réel ? Est-ce un rêve - encore un ? Une illusion qui se joue de moi ? Non... Il est bien là. Il est vivant. Il m'aime. Et il ne partira pas. Il ne m'abandonnera pas. Jamais. Du moins, je croise les doigts. Pas encore une fois, je ne veux plus me retrouver seule quand il commence seulement à sembler réel. Je t'en pris, ne t'en va pas ! Pas toi... Il a toujours été là pour moi, ne me l'enlevez pas maintenant. Je vous en conjure, ne me le prenez pas.

    J'ai peur. Trop d'amour. Mais qu'est-ce que c'est ce "trop" ? Un surplus ? Une annexe ? Un bonus ?

    Cela peut sembler idiot, mais c'est tout le contraire. C'est une libération... Un désir contrôlé qui nous échappe finalement et qui nous explose à la figure. Incontrôlable et désordonné. L'amour ?

     

     

    N'aie plus peur, il est là, il t'aime, tu es là, tu l'aimes. N'aie plus peur.

    Je veillerais sur vous. Alors n'aie plus peur.

    Vis !

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  • Il y a des droits, des devoirs, des envies, des exigences, des attentes. Il y a des plaisirs, des douleurs, des joies, des disputes. Il y a des retrouvailles, des séparations, des regrets, des excuses.

    Il y a des moments.

    Il y a des mots.

    Tout ça, je n'y aurais jamais droit. C'est mon châtiment, ma torture, pour avoir jouer avec le coeur des autres. Et je serais aveugle si j'en croyais le contraire. Je serais stupide, si seulement j'osais ne serait-ce que songer à cela. Tu ne m'appartiens pas. Et tu ne m'appartiendras sûrement jamais...

    Mais il semblerait que je sois le pire des idiots...

    L'illusion d'un instant, l'espérance d'une seule et infime seconde... Parfaite. Rien ne me le prouvait, mais le bonheur du moment me paraissait inébranlable. Comme si la force de nos deux coeurs réunis pouvait vaincre la Terre entière, comme si leur fusion était inaccessible et intouchable pour le reste du monde. Comme si nous n'étions plus qu'un seul et même coeur, qu'une seule et même âme, qu'une seule et même vie...

    Mais ce n'était qu'un mirage, que le brouillard et le désir animaient avec malveillance. Les nuages ont fini par se dissiper, et il n'est plus question d'un "nous". Il n'y a que "vous"...et moi, seule, qui vous observera, tapis dans l'ombre d'un sentiment sinistre, mélancolique et ténébreux.

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