• Accident révélateur p.2 - CN/HW

    Les morceaux de verre gisaient autour de moi, baignant dans la bière encore mousseuse. Étalé sur le parquet, le dos appuyé contre le demi-mur de la cuisine, je tentais de reprendre une respiration calme. Je suais, j'haletais ; je ne sentais pratiquement plus mon corps tellement le brouillard dans ma tête était épais.

    Je m'étais retrouvé seul à la maison. La plupart de mes frères étaient au travail, hormis Leah qui était partie faire sa ronde dans la forêt et Seth parti acheter du pain et quelques affaires de bricolage. J'étais parti faire les courses - puisque c'était à mon tour d'y aller -, mais j'avais oublié de passer à la boulangerie et de prendre du plâtre pour réparer le trou dans le mur de la salle à manger. Seth s'était proposé d'y aller vu qu'il devait "voir un truc" comme il l'avait dit. Je l'avais donc expressément remercié de m'épargner un autre aller-retour dans un magasin. Si c'était nécessaire, cela ne me gênait pas, mais sinon... Qu'est-ce que je pouvais détester ça ! 
    Lorsque Seth fut sortit, je m'étais attelé à ranger les courses. Une autre de mes activités favorites tiens... Parce que nourrir une meute de loup, c'était pire qu'un régiment de quarante personnes. Les placards débordaient et à peine le lendemain, ils se retrouvaient presque vides. C'était une horreur... Manger, manger, manger. C'était tout ce à quoi ils pensaient. Bon, je l'avoue, moi aussi. Mais je m'en rendais vraiment compte quand j'étais de corvée de course.
    Une fois les placards remplis à ras-bord, j'avais pris une bière dans le frigo et m'étais affalé sur le canapé. J'avais laissé mon esprit vagabonder pendant quelques instants. Ma bière fut trop rapidement vide à mon goût, ainsi je m'étais levé pour aller en chercher une autre.
    Me tournant vers le salon une bière toute fraiche à la main, je n'avais pas atteint le comptoir de la cuisine que je fus tordu par une atroce douleur. Les côtes, le dos, l'épaule, et je ne sais où encore. C'était comme si j'étais ballotté dans tous les sens contre des murs en béton armé, brisant mon corps en millier de petits morceaux à chaque coup. Et pourtant je n'avais rien. J'avais regardé et toucher, il n'y avait aucune trace de blessures sur moi. Pas même un malheureux petit bleu. Je ne comprenais rien. J'avais chaud, je transpirais et j'haletais comme si j'avais couru deux fois de suite le marathon de New York non-stop.

    C'était comme ça que, après que mes genoux aient flanché et que ma tête ait résonné pire qu'une grotte, je m'étais écroulé sur le sol avec la bouteille de bière pleine. La sonnerie de mon téléphone retentit dans toute la maison. Ou du moins j’en avais l’impression. A côté, un hautparleur allumé à fond n’était rien qu’un minuscule tintement. Je trimais pour me relever et atteindre le portable posé sur la table basse du salon. Et lorsque j’eus ENFIN attrapé l’engin, il arrêta de sonner. Forcément… Je regardais l’écran pour constater que l’appel venait de Paul.

    - Oh il rappellera... soufflais-je en me laissant retomber contre le canapé alors que ma tête jouait un solo infernal à la batterie.

    Je restais là sans bouger, pris d’une soudaine et incroyable flémingite. Et je dus m’assoupir quelques minutes puisque je me surprenais à ouvrir les yeux en sursautant.

    - Hayden !! Mais ouvre crétin !!! criait quelqu’un derrière la porte d’entrée

    C’était Paul. Je me levai aussi et courais vers la porte en la déverrouillant d’un tour de clé. Paul entra en me poussant avec la porte. J’avais la tête embuée et sur le coup, j’ai cru avoir rêvé. Mais en clignant plusieurs fois des yeux, je réalisai qu’il tenait Leah dans ses bras. Il marchait d’un pas rapide vers sa chambre. Elle était inconsciente. Inconsciente et blessée. Paul déblatérait des paroles incohérentes et je m’efforçais de le suivre et d’essayer de comprendre ne serait-ce qu’un mot de ce qu’il disait.

    - Tu peux me dire clairement ce qu’elle a ?! lui demandais-je alors qu’il la déposait délicatement sur son lit

    J’étais de plus en plus inquiet alors que mes idées s’éclaircissaient. Leah était partie patrouiller comme prévu et était tombé sur une bande de vampire, m’expliquait Paul. Il l’avait trouvé inconsciente dans la forêt. Elle avait sûrement une ou deux côtes de cassées et un traumatisme crânien. Enfin c’était le pire qu’elle pouvait avoir. Le reste se résumait surtout à des ecchymoses. Paul alla chercher un gant d’eau fraiche alors que je m’occupais de ses côtes. Le processus de guérison avancé avait déjà commencé. Je tâtais l’endroit concerné. Paul revint au même instant avec un gant frais et le posa sur son front.

    - L’une de ses côtes est bien placée, mais l’autre ressort beaucoup trop, informais-je Paul. Il ne suffit qu’un seul regard pour se mettre d’accord. Tiens la bien.

    Il s’exécuta alors que je plaçais le bas de ma paume sur sa côte. Je lui lançais un dernier regard, puis me concentra sur la côte de Leah. Il fallait que je la lui recasse, nous n’avions pas le choix. Je jetais un œil à Leah.

    - Hayden bouge ! me pressait Paul

    Sans plus attendre, je donnais un coup sec et fort contre elle. La côte se brisa dans un bruit écœurant. Leah reprit connaissance à cause de la douleur et hurla en gigotant dans tous les sens. Paul essayait de la calmer et de la rassurer, la maintenant d’une main et humidifiant sa tête avec le gant d’une autre. Je m’empressais de l’enrouler dans des bandes pour maintenir ses côtes en place.


    Vingt minutes plus tard, Leah s’était endormie grâce à des calmants. Nous avions ensuite prévenu les autres membres de la meute qui avaient rappliqué presque instantanément. Maintenant, ils discutaient tous dans le salon des événements tandis que j’étais resté au chevet de Leah. Je ne pouvais pas m’en empêcher. Il fallait que je reste juste à côté, que je vois les couvertures se soulever légèrement à chacune de ses respirations, que je surveille chaque seconde si ses paupières s’ouvraient ou non. 

    J’entendais les gars à travers la porte parler de nouvelles rondes plus fréquentes, de partir minimum à deux, d’élargir notre zone de couverture, etc. Les trois vampires qui s’en étaient pris à Leah… S’ils n’étaient pas déjà brulés, je les aurais tués encore et encore. Ils avaient osé toucher à Leah. C’était quelque chose d’impardonnable. Pas seulement parce que c’était Leah bien sur non… Non… Juste que… Elle faisait partie de la meute et que quiconque touchait à un de nos frères devait payer. Juste pour ça. Pour quoi d’autre de toute façon hein ? Je soupirais longuement, fixant le visage légèrement crispé de Leah. Je changeais le gant sur son front qui devenait bouillant en moins de deux minutes. Sa température baissait trop doucement à mon goût, mais c’était déjà ça. De plus, nous n’entendions plus ses gémissements de douleur. J’étais soulagé, parce que ça m’était insupportable, mais son sommeil semblait interminable. Je la fixais, attendant un quelconque petit mouvement… Mais rien. Elle se contentait de dormir, refaisant ses forces. Il fallait être patient, mais sur ce coup là, j’en étais loin. Je trépignais sur place, guettant le moindre bruit, le moindre souffle.

    Ses doigts entre les miens, je m’endormis de nouveau.

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