• Seule pour pleurer... p.1 - CN

    - Merci encore vieux ! Ouais, à plus !

    Je m’éloignai du réfectoire, une boîte pleine de muffins entre les mains. Je venais de quitter Jason, un ami que je connaissais du dortoir, dont l’Alice était de faire des plats si succulents que vous en rêviez la nuit. Il traînait souvent dans les cuisines de l’académie, papotant et confectionnant avec les cuisinières. Donc, forcément, quand il en sortait – et c’était quasiment que pour aller en cours -, il avait les bras encombrés de petites douceurs. Et moi, en parfait gentleman, je le débarrassais de son fardeau…
    Je marchais dans la cour principale, dévorant les muffins de Jason et les semant à chaque connaissance que je croisais. Il ne m’en resta bientôt plus que deux, que je réservai dans mon sac pour l’après-midi. Pour le moment, une petite balade en solo s’imposait. Je passais entre les dortoirs C et B, me dirigeant vers la forêt noire. Elle n’était pas spécialement accueillante, loin de là, mais j’étais quasiment certain que personne ne s’y trouverait à cette heure de la journée. Peut-être un écureuil ou deux, et encore… Cette partie n’était pas la plus habitée par les animaux. Pour ce que j’en voyais du moins.
    Au seuil des arbres, à la limite séparant le cœur de l’académie et la forêt, je balayai d’un coup d’œil autour de moi, vérifiant que personne n’aurait l’idée de me suivre. Les environs étant désert, je m’engouffrais entre les feuillus. Des feuilles mortes crissaient sous mes pas et perturbaient le silence inquiétant qui régnait. Cela ne me déplaisait pourtant pas, ce silence. Comparé aux rires et aux discussions animées que j’avais chaque jour avec les autres élèves, c’était presque comme si j’étais devenu sourd. Je ressentais presque un bourdonnement dans mes oreilles, le même que l’on ressent après avoir écouté la musique trop fort. Prenant une grande inspiration d’air frais et pur, fermant les yeux, je tentai de faire le vide. D’oublier un instant les élèves, les cours, les Alices, l’académie toute entière, et même qui j’étais. J’aimais bien avoir mon petit instant de solitude. Je retrouvais alors une tranquillité et une liberté que j’avais connue plus jeune. Je n’avais pas besoin de me forcer à sourire, à avoir la forme ou même à parler. J’étais libre de faire comme il me plaisait.
    Soudain, l’envie de voler me submergea. Mes ailes vibraient sous peau comme pour m’intimer de les libérer. Je jetais un œil autour de moi – bien que ça soit inutile vu que j’étais seul. J’hésitais un instant, mais, après tout, je ne gênerais personne.
    Je ne pus cependant pas gouter au plaisir de sentir mes ailes en dehors de ma peau. Un bruit, une sorte de couinement, ou plutôt… Un sanglot ? Intrigué, je suivis le gémissement. A chacun de mes pas, le bruit s’amplifiait, passant du murmure au hurlement. Quelqu’un pleurait. Je ne voyais personne, mais rien que d’entendre pleurer ainsi, mon cœur se serra. C’en était presque insupportable. A la limite du cruel. Je m’approchais encore, pour finalement émerger sur une grotte, celle qu’on nommait la Grotte Obscure. Là, appuyée contre la paroi de roc, il y avait une fille. Recroquevillée sur elle-même, elle pleurait. Pleurait comme je n’avais encore jamais vu pleurer. Ses pleurs résonnaient contre les murs de la grotte. Je me sentais tellement… Mal… Il fallait que je fasse quelque chose, il fallait que ses larmes cessent de couler, il fallait que cela s’arrête.
    Je m’accroupie alors à côté d’elle en retirant ma veste, et, avec une douceur infinie, je la déposais sur ses épaules.

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